Traduction

Le cavalier d’Abizar est apparu lorsque le grand père l’Ancien est venu. À l’époque du prophète Noé, Dieu s’adressa à lui avec sa puissance divine et lui dit :
– Noé ! Tu construiras un vaisseau en bois, tu sauveras tout être vivant, car le monde va être englouti et tout deviendra mer.

Noé se mit à l’ouvrage. Il planta des arbres qui mirent quarante ans pour arriver à maturité. Ensuite, il commença la construction du bateau en bois. Il alla voir quelqu’un que l’on appelait Iwadj ben Inaq, un géant, les pieds sur terre et la tête dans le ciel. Il pouvait plonger sa main dans la mer et attraper un poisson aussi grand que cette maison. Il le faisait griller au soleil et le mangeait, c’était cela sa nourriture. Quand il avait fini de manger le poisson, il replongeait sa main dans la mer et reprenait un autre poisson aussi grand que cette maison. Il ne travaillait que pour son ventre. Noé lui dit :
– Peux-tu me construire un vaisseau ?
Il lui répondit :
– Moi, je ne travaille que pour mon ventre : est-ce que tu peux me nourrir ?
– Oui je peux ; je vais te nourrir.

Ils commencèrent alors à construire le vaisseau. Ils coupèrent le bois, le taillèrent et préparèrent le matériel nécessaire à la construction du vaisseau. Puis, l’heure de casser la croute arriva. À cette époque, il y avait quatre repas par jour : le petit-déjeuner, le déjeuner, le gouter puis le dîner. Autrefois, celui qui employait une personne devait la nourrir, sinon c’était un péché. Il ne suffisait pas de lui payer sa nourriture pour qu’il aille manger ailleurs. Donc, quand ce fut l’heure de casser la croute, le prophète Noé demanda à son épouse de préparer une galette de pain. Elle fit cuire une galette de pain qu’elle coupa en quatre. Noé apporta à Iwaj ben Inaq un quart de la galette pour manger mais ce dernier lui dit :

– Ô prophète Noé, tu te moques de moi ? Je peux avaler un poisson de 100 quintaux et toi...
Il lui répondit :
– Dis « au nom de dieu », incroyant !
Il fit ce qu’il lui dit et il mangea le quart qu’il n’arriva même pas à finir ! Il dit alors à Noé :
– Regarde, merci à Dieu, il y a bien de la satiété dans la vie... Aujourd’hui, je suis rassasié.

Ils fabriquèrent le vaisseau et quand il fut terminé, Noé appela Dieu et lui dit :
– Voici, le vaisseau est réalisé.
Dieu lui répondit :
– Tu appelleras tous ceux qui croient en moi et en toi à monter dans le vaisseau, le monde va être englouti.

Quand tous les croyants montèrent ainsi que la fourmi, le serpent, le rat, la grenouille, les lions, les chacals, les chiens… Tous ces êtres vivants étaient dans le vaisseau du prophète Noé avec les humains et la terre a été complètement engloutie par l’eau.
Ils restèrent longtemps sans aller sur terre, personne ne sait combien de temps. Certains êtres vivants demandèrent alors au prophète Noé quand ils pourraient sortir et aller sur terre. Noé dit :
– Nous enverrons le corbeau. Ô corbeau, tu iras avec la puissance de Dieu, il nous montrera le chemin de la terre.
Mais le corbeau lui dit :
– Ô Noé, j’ai péché devant Dieu et je ne peux aller à sa rencontre. J’ai honte de ce que j’ai fait.
Noé dit alors :
– J’enverrai une hirondelle qui volera dans le ciel. Elle ira avec la puissance de Dieu qui nous montrera la terre où nous nous installerons.

Elle vola jusqu’à ce qu’ils arrivent au Tassili du Hoggar. Ils restèrent là-bas et ils étaient tous très contents et joyeux. Dieu envoya ensuite Gabriel à Noé et lui dit :
– Va chez Noé : Tu lui donneras un marteau et un burin. Il choisira un Berbère intrépide à qui je donnerai du courage et de la patiente, il sera respecté. Il dessinera chacun des êtres vivants du vaisseau sur les rochers.

Ce sont les Berbères qui ont laissé les gravures que vous voyez au Sahara.
Ce sont les Berbères qui les ont faites. Tous les êtres vivants, la fourmi, le serpent, le chacal, le lion, le bœuf, l’éléphant… ont tous été représentés sur les parois rocheuses du Tassili.
Ils restèrent longtemps là-bas.

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