Traduction
Traduction littérale
Il était une fois deux enfants avec leur mère et leur père. Ils étaient intelligents, beaux et bien élevés. Ils grandissaient, grandissaient, grandissaient. Le garçon était devenu un peu capricieux. Il n'aimait pas être contredit. Quand il disait quelque chose, sa parole devait être exaucée. Il était entêté., quand il prononçait une phrase, il l'appliquait.
Un jour, alors qu'il était devenu homme, il alla faire boire le cheval de son père. Arrivé à la source, le cheval devint craintif, il refusait de s'approcher de l'eau. Il descendit du cheval et regarda. “De quoi a peur mon cheval, que redoute-t-il?“ Il trouva un cheveu à coté de cette source, un cheveu long et blond, magnifique. Il le ramassa et le mit dans sa poche, le cheval avança et s'abreuva. Il rentra à la maison et alla dans sa chambre. Il prit le cheveu et le regarda attentivement, puis il se dit : "je comparerai ce cheveu aux chevelures de toutes les jeunes femmes du village, celle à laquelle il correspond deviendra ma femme."
Il sortit de sa chambre et dit à ses parents : "papa, maman, désormais je suis en âge de me marier, je dois me marier." Ils répondirent : "fils, nous n'attendions que ça !" Le garçon ajouta : "j'ai une condition, vous allez réunir pour moi toutes les jeunes filles du village, j'ai trouvé ce cheveu aujourd'hui, et j'aimerais me marier avec sa propriétaire." Ils dirent : "soit !", ils ne lui disaient jamais non. Ils rassemblèrent toutes les jeunes filles du village. Pour l'une le cheveu était trop long, pour l'autre il était trop court. Il ne correspondait à aucune d'entre elles. La couleur aussi ne correspondait pas, bref aucune n'était la bonne. Soudain sa sœur apparut. Il compara son cheveu et il correspondit parfaitement. Il s'agissait bien du cheveu de sa sœur.
Il retourna dans sa chambre, dépité et il se dit :"ma parole sera exaucée, je l'ai dite, elle doit s'appliquer." Il sortit de sa chambre et dit à ses parents : "c'est donc dit, je vais épouser ma sœur. Ils répondirent : "d'accord". Ils ne pouvaient rien lui refuser." Cependant ils n'informèrent pas leur fille. Ils commencèrent à préparer le mariage dans la joie. Ils achetèrent du blé pour faire de la semoule et faire manger les villageois lors de la fête. La fille dit : "je suis heureuse, quel bonheur ! Mon frère va se marier. C'est moi qui m'occuperai du blé." Ils lui répondirent : "volontiers." Dans la joie, la pauvre fille s'était mise à nettoyer le blé pour le moudre.
Quand la poule se présenta devant elle, elle dit : "coucou, donne-moi un peu de blé !" La fille lui en jeta une poignée, elle la mangea immédiatement et en réclama de nouveau : "coucou, encore un peu !" Elle lui rajouta une poignée. La poule dévora rapidement les grains et dit :"coucou, encore un peu !" La fille lui répondit :"ça suffit, tu ne vas pas manger tout le blé, patiente jusqu'au moment de la fête, mon frère se marie." La poule répliqua :"rajoute moi un peu de blé sinon je te révélerai quelque chose." "Dis ce que tu veux, moi je suis heureuse c'est le mariage de mon frère." "C'est toi que ton frère va épouser, tu seras la femme de ton propre frère" lui répondit la poule. La fille repoussa le plat de blé, elle était choquée. Elle se dit :"que se passe-t-il donc ? Je dois fuir, si mes parents me trouvent à la maison, je serai obligée d'obéir." Elle abandonna le blé, la maison et tout derrière elle, et elle s'en alla.
Elle arriva à une source bordée par un arbre immense, un palmier-dattier. Elle grimpa sur l'arbre et y resta cachée. Ses parents la cherchèrent encore et encore sans succès, ils rentrèrent à la maison.
Il se trouvait qu'une famille avait une servante noire. Elle allait régulièrement chercher de l'eau à cette source. Quand elle se pencha pour puiser l'eau, elle vit le reflet de la jeune femme. Elle se dit :"il n'est pas normal que je sois aussi belle (blanche) et en même temps servante !" Elle cassa sa jarre et repartit à la maison sans chargement. En rentrant elle se regarda dans le miroir et constata qu'elle était toujours noire. Pour comprendre ce qui se passait, elle demanda au marabout : "Ô grand sage, tes conseils sont notre avantage, nous les suivrons jusqu’au rivage. Quand je me regarde dans l'eau de la fontaine, je me vois blanche et belle, mais à la maison dans le miroir, je me vois noire !" Le marabout lui répondit : "fais-toi accompagner là-bas par des gens du village, et regardez s'il y'a un arbre près de cette source, peut-être qu'il y a quelqu'un dans l'arbre."
Elle rentra au village et annonça à haute voix : "il y a quelqu'un sur le palmier à côté de la source, allons voir !" Les villageois se précipitèrent vers la fontaine, ils regardèrent attentivement en haut de l’immense palmier, ils virent qu'il y avait une jeune fille dans l'arbre. Son frère s’exclama parmi les gens du village : “il s’agit de ma sœur disparue !” Son père lui dit : "laisse-la, c'est moi qui vais la faire descendre." Arrivé devant l'arbre, le père entonna : “c’est ma fille élue, qui deviendra ma bru, penche-toi arbre feuillu ! ” Le palmier se pencha jusqu'au sol. La fille regarda son père et entonna : "c’est mon père très cher, qui deviendra mon beau-père, palmier redresse toi dans les airs !" Le palmier se redressa et le père, impuissant, rentra chez lui. Le lendemain, c'est à la mère d'essayer : “c’est ma fille élue, qui deviendra ma bru, penche-toi arbre feuillu !” Le palmier se pencha jusqu'à la maman. La fille regarda sa mère et entonna : “c’est ma mère très chère, qui deviendra ma belle-mère, palmier redresse toi dans les airs !” Et le palmier se redressa encore. Puis son frère voulut essayer : "laissez-moi faire, je me charge d'elle, laissez-la moi, je m'en charge, je la ferai descendre." Il alla à la source et arrivé devant le palmier, il entonna : "c’est ma chère sœur, qui fera mon bonheur, palmier, penche-toi, c’est l’heure !” Le palmier se pencha. Sa sœur le regarda attentivement puis entonna : “c’est mon frère cher à mon cœur, qui fera mon bonheur, palmier, redresse-toi, c’est l’heure !” Et le palmier se redressa dans les airs. Mais au moment où le palmier allait se redresser, il se précipita sur elle et la griffa. Il lui griffa le doigt, il lui laissa le doigt ensanglanté. Elle lui dit alors : "va mon frère, que dieu te pique d’une épine acérée, qu’aucun guérisseur ni médecin ne pourra te retirer, à l'exception du doigt que tu as aujourd’hui coupé”.
Il rentra alors à la maison, il s'allongea sur le champ, il se sentit mal, incapable de bouger. Il sentit des épines dans ses pieds, dans ses genoux, incapable de bouger. Le temps passa, il se maria et eut deux enfants, un garçon et une fille également.
Quant à sa sœur, elle se réfugia dans une forêt nommée "ifri". Elle s'installa dans cette forêt. Un berger menait paître son bétail dans cette forêt, il y restait du matin au soir. Au moment où il rassemblait son bétail, elle lui parla : “toi qui es venu dans les vergers, je t’en prie mon ami le berger, dis à mes parents que je suis dans le bois.” Il rentra à la maison en se demandant :"quelle est cette créature qui me parle dans la forêt ?" Il alla voir le vieux sage et lui demanda : "ô grand sage, tes conseils sont notre avantage, nous les suivrons jusqu’au rivage ! Je fais paître mon bétail dans une forêt, j'y entends une voix qui me parle mais je ne vois pas la créature qui s'adresse à moi. Elle me dit : “toi qui es venu dans les vergers, je t’en prie mon ami berger, dis à mes parents que dans le bois Zalgouma est hébergée.” Le marabout lui répondit : “va mon fils, retournes-y et quand elle te parlera, dis-lui : je t'en prie, dis-moi qui tu es, moi je n'abuserai pas de ta confiance."
Le jeune homme mena alors paître ses animaux dans la forêt, et au moment où il allait rentrer, elle s'adressa à lui : “toi qui es venu dans les vergers, je t’en prie mon ami le berger, dis à mes parents que dans le bois Zalgouma est hébergée.” Il lui répondit : "je t'en prie, créature, dis-moi qui tu es, je jure que je n'abuserai pas de ta confiance, je ne te ferai aucun mal." Elle apparut alors et le berger fut ébloui par sa beauté, ses longs cheveux. Il lui dit alors : "tu habites ici ?" -"Oui, c'est ici que j'habite." -"Si tu viens avec moi, je t'hébergerai." -"D'accord, je vais venir."
Elle s'installa chez lui, elle s'occupait des tâches ménagères et lui continuait son activité de berger, ils vécurent heureux. Un jour il lui dit : "nous nous entendons bien, si tu es d'accord, je veux qu'on se marie." Elle lui répondit : "d'accord, je veux bien." Ils se marièrent, ils eurent deux enfants, un garçon puis une fille. Les enfants grandirent. En les voyant jouer ensemble, elle se rappela qu'elle aussi avait un frère. Elle dit à ses enfants : "mes enfants, tout à l'heure après le diner, dites à votre père que nous allons rendre visite à ma famille." C'est ce qu'ils firent. Après le diner, ils dirent au père : "papa, nous voulons rendre visite à la famille de notre mère." -"Mes enfants, votre mère n'a pas de famille, je l'ai trouvé dans la forêt, vous n'avez personne à qui rendre visite."
Les enfants et la mère se turent, mais le lendemain, elle demanda à ses enfants de renouveler la demande au père. Elle leur dit : "s'il vous demande, vous répondrez que moi je sais où se trouve ma famille." A la nuit tombée, en jouant avec leur père, ils lui demandèrent :"papa, laisse-nous rendre visite à la famille." -"À quelle famille voudriez-vous rendre visite ?" -"À notre famille maternelle, par exemple." -"Mais vous n'en avez pas, j'ai trouvé votre mère dans la forêt, elle n'a pas de famille." -"Laisse-nous y aller, notre mère sait où ils habitent." -"D'accord, allez-y."
Le lendemain matin, la femme prépara les provisions de route, elle les plaça dans un couffin. Elle mit ses enfants devant elle et elle commença une longue marche, le village était loin. Ils arrivèrent à la maison de ses parents au moment où le soleil se couchait, c'est d'ailleurs ce qu'elle souhaitait. Elle entra dans la maison, elle reconnut sa famille et leur dit : "habitants de cette maison, me laisseriez-vous passer la nuit ici, je marche avec mes enfants et nous allons loin et la nuit vient de tomber, voudriez-vous nous héberger pour la nuit ?" -"Tu peux rester, tu seras nourrie et logée pour la nuit." Elle s'assit et observa, elle remarqua son frère devant l'entrée, allongé sur un tapis dehors. Ils le rentrèrent dans la maison après la tombée de la nuit. Le lendemain matin, elle dit à ses enfants : "mes enfants, devancez-moi, allez à la fontaine du village et amusez-vous, je vous y retrouverai." Ils répondirent : "d'accord !" Ils s'en allèrent, heureux de pouvoir jouer à la fontaine.
Elle se retrouva avec sa mère et la femme de son frère, elle leur dit : "dites-moi, ce malade que vous avez, qu'a-t-il ?" -"Malheureusement, ce malade est dans cet état depuis longtemps, nous avons essayé médecins et marabouts, rien n'y fait, il ne guérira pas." -"Mais c'est quoi ?" -"Ce sont ses pieds, il a des épines qui le handicapent, il ne peut pas bouger." -"Puis-je l’examiner ?" -"Tu ne pourras rien faire, si tu veux le voir il est à ta disposition." Il se trouvait que la vieille femme avait croisé les enfants devant la porte quand ils étaient sortis, elle leur dit : "les enfants, où allez-vous ?" -"C'est notre mère qui nous a laissé aller jouer à la fontaine, elle nous y rejoindra." La vieille était émue en voyant les enfants, sans même les avoir reconnu comme ses petits-enfants.
La fille s'approcha de l’handicapé dont les jambes furent entre-temps découvertes. Elle utilisa son doigt que son frère avait jadis blessé, elle utilisa ce doigt pour le soigner, et là il se leva, il retrouva son énergie et sa vigueur ; il se dressa, alors que sa guérisseuse prit la fuite sachant qu'elle serait identifiée." Elle s'enfuit et tout le monde la reconnut : "c'est notre fille Zalgouma, c'est elle, courrez ! Rattrapez-la !" Sa mère dit : " courez à la fontaine du village, c'est vers là-bas que sont partis les enfants, courez-y !" Ils allèrent vers la fontaine et rattrapèrent leur fille ! Les parents s’exclamèrent : "notre chère fille Zalgouma, reviens, Zalgouma, pardonne-nous !"
Elle leur pardonna alors et revint avec eux, ils firent rapidement une grande fête, ils sacrifièrent moutons et bœufs. -"Notre fille Zalgouma est revenue, notre handicapé est guéri !" Ils étaient tous très heureux et la fête dura sept jours et sept nuits.
Ainsi s'achève mon histoire, mon histoire est finie mais la miséricorde divine est infinie, si dieu le veut.
Traduction libre
Il était une fois deux enfants vivant avec leurs parents, ils étaient intelligents, beaux et bien élevés. En grandissant, le garçon était devenu capricieux, il ne supportait pas d’être contredit, toutes ses volontés devaient être exaucées.
Un jour, alors que le garçon était devenu un homme, il partit à une source pour faire boire le cheval de son père. En arrivant devant le point d’eau, l’animal s’était montré craintif, il refusait de s’approcher de l’eau. Curieux, le jeune homme descendit de sa monture pour examiner l’endroit, et il aperçut un cheveu de femme, un cheveu très long, blond et beau.
Il le ramassa et le mit dans sa poche, ainsi le cheval rassuré s’approcha et s’abreuva à la source. L’homme rentra ensuite à la maison et s’enferma dans sa chambre, il sortit le cheveu de sa poche et le regarda attentivement puis s’exclama : « Je comparerai ce cheveu aux chevelures de toutes les jeunes femmes du village, celle qui aura les cheveux correspondants deviendra ma femme. » Il sortit de sa chambre et alla l’annoncer à ses parents : « Papa, maman, désormais je suis en âge de me marier, je dois me marier. » Les parents répondirent : « Fils, nous n’attendions que ça ! » Le fils ajouta alors : « J’ai une condition, vous rassemblerez pour moi toutes les jeunes femmes du village, j’ai trouvé ce cheveu aujourd’hui et j’aimerais me marier avec sa propriétaire. » Les parents lui répondirent : « Soit ! » Ils ne pouvaient de toute façon pas le contredire.
Ils rassemblèrent toutes les filles du village, l’une avait les cheveux plus longs que le cheveu référence, chez une autre, ils étaient plus courts, une autre n’avait pas la bonne couleur… Bref, aucune n’avait de cheveux correspondant à leur recherche. Soudain, la sœur du jeune homme apparut, alors il compara le cheveu à la chevelure de sa sœur et se rendit compte que ça correspondait parfaitement. Dépité et triste, il s’enferma dans sa chambre puis se dit qu’il n’allait pas être contredit : « J’ai dit que j’épouserai la propriétaire de ce cheveu, ma parole doit se réaliser. » Il sortit de sa chambre et l’annonça à ses parents : « Alors voilà, ce que j’ai dit doit se réaliser, je vais épouser ma sœur. » Les parents, incapables de contredire leur fils, lui rependirent : « D’accord. » La jeune femme, absente à ce moment-là, n’avait pas été informée du projet de son frère.
Ils commencèrent les préparatifs du mariage, ils achetèrent du blé pour le moudre en semoule et faire le repas du mariage auquel tous les habitants du village seraient conviés. La fille dit : « Je suis heureuse, mon frère va se marier, quel bonheur ! » Et elle rajouta : « Je m’occupe du blé, je vais le nettoyer pour qu’on puisse le moudre. » Ils lui répondirent : « Tiens donc ! »
Pendant qu’elle s’occupait du blé, une poule s’approcha et dit : « Coucoucouc, donne-moi un peu de blé. » La fille prit une poignée de grain et la jeta au sol. La poule mangea immédiatement tous les grains de blé, et elle en redemanda : « Coucouc, encore un peu ! » La jeune femme s’exécuta, la poule mangea tout rapidement et redemanda à nouveau des grains : « Coucouc, encore ! » La jeune femme refusa alors : « Il faut patienter jusqu’au mariage, ce n’est pas toi seule qui mangera tout ce blé, il est pour le mariage de mon frère. » La poule lui répondit alors : « C’est toi que ton frère va épouser, c’est toi l’épouse de ton frère. » Choquée, elle poussa le récipient de blé, et se dit : « Qu’est-ce qu’il vient de se passer ! Comment vais-je faire, si mes parents me trouvent, je serai obligée d’obéir. »
Elle laissa le blé sur le sol, abandonna la maison et s’en alla. Elle arriva à une source à coté de laquelle se trouvait un immense palmier dattier, elle grimpa dans l’arbre et y resta. Elle s’y cacha sans que personne ne la remarquât, tandis que ses parents la cherchaient encore et encore, sans succès. Cependant, il y avait une famille dont la servante se rendait régulièrement à cette source pour s’approvisionner en eau, c’était leur source habituelle. Et à chaque fois qu’elle puisait l’eau en se penchant, elle voyait le reflet du visage de la jeune fille à la surface de l’eau et se disait : « Comment se fait-il, bien que je sois aussi belle, que je continue à être servante ? » Alors, elle cassa son amphore et rentra chez elle. En arrivant, elle se regarda dans le miroir et constata qu’en réalité, elle était vilaine.
Pour trouver une explication à sa mésaventure, elle décida d’aller voir le marabout, elle lui raconta : « Ô grand sage, tes conseils sont notre avantage, nous les suivrons jusqu’au rivage. Voici ce qu’il m’arrive ; à chaque fois que je me regarde dans l’eau de la fontaine, je suis très belle, et quand je rentre chez moi, je redeviens vilaine. » Il lui répondit : « Ma fille, fais-toi accompagner par des gens du village, ils vont constater s’il y a quelqu’un dans l’arbre à côté de la source. »
Elle rentra au village et annonça publiquement : « Une personne se cache dans le palmier près de la fontaine. » Les gens se précipitèrent immédiatement vers la fontaine, ils regardèrent en haut de l’immense palmier, et alors ils virent la jeune femme au sommet de l’arbre. Son frère s’exclama parmi les gens du village : « Il s’agit de ma sœur disparue ! »
Son père arriva devant le palmier. Décidé à la faire descendre, il s’écria : « C’est ma fille élue, qui deviendra ma bru ; penche-toi, arbre feuillu ! » Et le palmier se pencha. La jeune fille regarda son père attentivement puis s’écria à son tour : « C’est mon père très cher, qui deviendra mon beau-père ; palmier, redresse-toi dans les airs ! » Et le palmier se redressa dans sa position initiale. Le père partit après son échec à faire descendre sa fille de l’arbre et le lendemain, ce fut à la mère de tenter sa chance : « C’est ma fille élue, qui deviendra ma bru ; penche-toi, arbre feuillu ! » Et à nouveau, le palmier se pencha. Et la jeune fille regarda sa mère attentivement puis s’exclama comme suit : « C’est ma mère très chère, qui deviendra ma belle-mère ; palmier, redresse-toi dans les airs ! » Et le palmier se redressa encore. Le frère, excédé, décida d’essayer à son tour : « C’est ma chère sœur, qui fera mon bonheur ; palmier, penche-toi, c’est l’heure ! » Le palmier se pencha, la jeune fille regarda son frère attentivement puis s’exprima : « C’est mon frère cher à mon cœur, qui fera mon bonheur ; palmier, redresse-toi, c’est l’heure ! » Et au moment où le palmier allait se redresser, le frère effleura la jeune fille avec son ongle et lui griffa le doigt avant qu’elle retrouvât sa place dans les airs. Elle maudit alors son frère en lui disant : « Que dieu te pique d’une épine acérée, qu’aucun guérisseur ni médecin ne pourra te retirer, sauf le doigt que tu as aujourd’hui balafré. »
Il rentra chez lui et s’allongea dans son lit, incapable de bouger, sentant des épines dans ses jambes, dans ses genoux. Il resta ainsi handicapé des années durant, mais il se maria et eut deux enfants. Un garçon et une fille. Quant à la jeune fille, elle quitta son palmier et se réfugia dans la forêt.
Elle demeura dans cette forêt où un berger venait régulièrement y faire paître son bétail. La jeune femme lui dit alors : « Toi qui es venu dans les vergers, je t’en prie mon ami le berger, dis à mes parents que dans le bois, Zelgouma est hébergée. » En rentrant chez lui, le berger se mit à réfléchir : « Qu’est-ce donc que cette créature qui me parle dans cette forêt ? » Il décida sans attendre de demander au marabout : « Ô grand sage, tes conseils sont notre avantage, nous les suivrons jusqu’au rivage. À chaque fois que j’emmène mes animaux dans la forêt, j’entends une créature que je ne vois pas et elle me demande de transmettre un message à ses parents. » Le marabout lui répondit : « Va mon fils, retournes-y et quand elle te parlera, demande-lui de te révéler son identité, et promets-lui que tu n’abuseras pas de sa confiance. »
Le berger obéit, il alla dans la forêt avec ses animaux et quand la jeune femme s’adressa à lui, il lui demanda : « Dis-moi, créature mystérieuse, qui es-tu ? Je jure que je ne te ferai aucun mal. » Elle sortit alors, et le jeune berger fut ébloui par sa beauté. Il lui demanda : « Pourquoi vis-tu ici ? » Elle lui répondit : « J’habite ici. » Il l’invita ensuite chez lui : « Viens, je te recueille chez moi. » Elle accepta sans hésiter.
Elle l’accompagna chez lui et s’installa, puis ils commencèrent à vivre ainsi. Lui, continuait de s’occuper de ses animaux, elle, s’occupait des tâches ménagères. Ils vécurent heureux comme cela. Et un matin, le berger lui demanda : « On s’entend bien, et si on se mariait ? » Elle accepta, alors ils se marièrent et eurent deux enfants, un garçon puis une fille. Un jour, en voyant ses enfants jouer, la femme se rappela son frère, les souvenirs lui revinrent, et elle dit à ses enfants : « Mes enfants, ce soir après le dîner, vous direz à votre père que nous allons rendre visite à ma famille. »
Après le dîner, ils demandèrent à leur père d’aller visiter la famille de leur mère. Le père répondit : « Mes enfants, votre mère n’a pas de famille, je l’ai trouvée dans la forêt. » Les enfants ne répondirent pas et la mère garda le silence. Le lendemain, elle renouvela la même demande à ses enfants : « Cette fois, si votre père vous demande, vous direz que je sais où se trouve ma famille. » Ils demandèrent de nouveau au père : « Papa, laisse-nous rendre visite à la famille de maman, demain. » Le père demanda : « Où se trouve la famille de votre mère ? », et les enfants de répondre : « Elle le sait. » Le père accepta finalement.
Le lendemain matin, la mère prépara de la nourriture pour la route et ils se mirent à marcher. Ils marchèrent la journée entière jusqu’à atteindre le village de ses parents, au coucher du soleil. Elle entra dans la maison de ses parents et elle les reconnut, contrairement à eux. Elle leur demanda : « Habitants de cette maison, pourriez-vous me faire passer la nuit ici ? Je marche avec mes enfants et notre destination est encore lointaine et la nuit est tombée. » Ils acceptèrent de l’héberger pour la nuit sans qu’ils la reconnussent. Elle les observa et reconnut également son frère allongé sur un tapis dans la cour, toujours handicapé. Le soir venu, on l’avait porté pour dormir dans la maison. Le lendemain matin, elle demanda à ses enfants de la devancer : « Allez jouer à la fontaine, je vous y rejoindrai. »
Les enfants obéirent et furent heureux d’aller jouer à la fontaine. En sortant, ils croisèrent leur grand-mère qui, sans les reconnaître, eut de l’affection à leur égard : « Mais où allez-vous ? » Et les enfants de dire : « Nous allons jouer à la fontaine. » L’invitée se retrouva alors avec sa mère et la femme de son frère : « Dis-moi, femme, cet handicapé que vous avez, quelle est sa maladie ? » Sa mère, dépitée, lui répondit : « Ça fait des années qu’il est malade. Nous avons vu tous les médecins et marabouts du pays, sans résultat. Il ne guérira pas, le malheureux, c’est ainsi. » La fille insista : « Mais quel est son handicap exactement ? » La mère lui dit : « Ce sont ses jambes, il a des épines dans les jambes, il ne guérira pas, il ne bougera plus jamais. » La fille demanda : « Puis-je l’examiner ? » La mère de rétorquer : « Tu ne pourras rien faire pour lui, mais si tu veux l’examiner, il est à ta disposition. » Et elle découvrit les jambes de son fils. La fille toucha alors les pieds de son frère avec le doigt qu’il avait jadis blessé, quand soudain il se leva, reprit ses esprits et se sentit en pleine forme. Sa sœur s’enfuit alors sachant qu’elle serait reconnue par les siens. Ces derniers criaient déjà : « C’est notre fille, c’est notre fille, courrez, rattrapez-la ! » Sa mère ajouta : « Courez à la fontaine ! Les enfants sont là-bas, courez-y ! »
Tout le monde courut à la fontaine et ils trouvèrent leur fille et ses enfants : « Reviens, notre chère fille ! Reviens et pardonne-nous. » Leur fille revint alors et leur pardonna. Ils organisèrent une grande fête pour l’occasion, ils égorgèrent bœufs et moutons. Leur fille était revenue, leur fils était guéri, ils étaient tous heureux. La fête dura sept jours et sept nuits.
Ainsi s’achève mon conte, mais la miséricorde de dieu ne s’achève jamais.